Décès de Robert Badinter, l’homme qui a mis fin à la peine de mort en France
Robert Badinter, l’ancien ministre de la justice qui a réussi à abolir la peine capitale en France en 1981, est décédé à l’âge de 95 ans.
Grâce à son action, la dernière personne à avoir subi la peine capitale en France a été exécutée à la guillotine en 1977.
Il a présenté un projet de loi visant à abolir la peine de mort quelques mois seulement après avoir été nommé ministre de la Justice, alors que 60 % des Français interrogés étaient favorables au maintien de la peine de mort.
Il a prononcé un célèbre discours de deux heures devant les députés pour les convaincre de voter en faveur de l’abolition, arguant que la peine capitale était une caractéristique des régimes totalitaires.
« Dans les pays de liberté, l’abolition est presque toujours la règle ; dans les pays où règne la dictature, la peine de mort est toujours pratiquée », a-t-il déclaré.
363 députés ont voté pour et 117 ont voté contre, ce qui signifie que le projet de loi a été adopté le 18 septembre 1981.
Le président Macron lui a rendu hommage aujourd’hui (9 février) disant sur X (anciennement connu sous le nom de Twitter) : « Avocat, ministre de la Justice, l’homme qui a aboli la peine de mort. Robert Badinter n’a jamais cessé de défendre les Lumières. Il était une figure du siècle, une conscience républicaine, l’esprit français. »
Le président a également annoncé l’organisation d’un hommage national en l’honneur de M. Badinter.
L’ancien président François Hollande a déclaré sur la radio RTL que M. Badinter « restera dans l’histoire pour avoir convaincu le Parlement d’abolir la peine de mort ».
Une personnalité politique importante
M. Badinter est né à Paris en 1928 dans une famille juive. Son père est mort dans un camp de concentration allemand pendant la Seconde Guerre mondiale et M. Badinter a fait l’objet d’insultes antisémites tout au long de sa carrière.
Il a été avocat pendant 30 ans à partir de 1951.
En 1972, l’un de ses clients est reconnu coupable de complicité de meurtre et condamné à mort. M. Badinter n’a pas pu le sauver de la peine de mort malgré une demande de grâce auprès du président de l’époque, Georges Pompidou.
Il a déclaré par la suite que cette expérience l’avait fait passer d’une « conviction intellectuelle à une passion militante » pour l’abolition de la peine de mort.
Il a sauvé six personnes de la peine de mort grâce à son travail entre 1976 et 1980.
Il est nommé ministre de la Justice en juin 1981 par le président socialiste nouvellement élu, François Mitterrand, et occupe ce poste pendant cinq ans.
Il a été président du Conseil constitutionnel pendant neuf ans après avoir été ministre et a été sénateur pendant 15 ans, jusqu’en 2011.
Il est largement considéré comme ayant passé sa vie à lutter contre l’injustice. « J’ai essayé de transformer le système judiciaire, de le rendre plus humain », a-t-il déclaré lors d’une interview télévisée en 2023.
M. Badinter était marié à l’auteur, philosophe et historienne Elizabeth Bleustein-Blanchet, fervente défenseuse du féminisme.
La cause du décès n’a pas été communiquée.
Lire la suite
Les appels au retour de la guillotine « défient la loi française ».
Explicatif : Le fonctionnement des cours d’assises et des jurys d’assises en France