Découverte des ossements d’Emile, 2 : Ce que dit la police française et ce qui se passe maintenant
La police rassemble actuellement toutes les preuves possibles pour établir ce qui s’est passé après la découverte d’ossements appartenant à Emile Soleil, le bambin qui a disparu d’un hameau des Alpes en juillet 2023.
Des ossements appartenant au petit garçon ont été trouvés par un randonneur à un kilomètre seulement du lieu de sa disparition, le samedi 30 mars, dans une zone qui avait déjà fait l’objet de recherches approfondies.
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Le randonneur aurait apporté les restes à un poste de police local et des tests génétiques ont permis de conclure qu’ils appartenaient à Emile.
Depuis sa disparition, malgré les recherches effectuées par des chiens renifleurs, des caméras infrarouges, de multiples recherches et une reconstitution, il n’y a eu aucune trace de lui, ni aucune piste prometteuse.
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Où les ossements ont-ils été trouvés ?
Emile a été vu pour la dernière fois par des voisins marchant sur un chemin dans la commune du Haut-Vernet (125 habitants), un hameau situé à 1 200 mètres d’altitude, au-dessus du village plus important du Vernet, près de Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence, Provence-Alpes-Côte d’Azur).
Le randonneur a trouvé les ossements – dont on pense qu’ils comprennent le crâne et les dents – dans une zone connue sous le nom de Les Auches, près de la chapelle Saint-Pancrace, à environ 1 km au sud-est, à vol d’oiseau, de l’endroit où Emile a été vu pour la dernière fois.
Les gendarmes ont décrit la zone comme étant « escarpée et difficile d’accès », « assez sauvage », et composée de prairies et d’espaces boisés.
Cependant, il se trouve à proximité d’un sentier de randonnée très fréquenté et à l’intersection de plusieurs chemins de randonnée.
Le maire du Vernet, François Balique, s’est dit très surpris par cette découverte car il s’agit « d’un lieu qui a été fouillé, le [sniffer] étaient passés », et que rien n’avait été trouvé.
Qui est le randonneur qui a trouvé les ossements ?
La femme serait « une résidente locale », selon un rapport de Le Figaro.
Elle a déclaré avoir ramassé certains des ossements lorsqu’elle les a trouvés et les avoir apportés à la gendarmerie de La Seyne-les-Alpes.
La raison pour laquelle elle a agi ainsi, au lieu de laisser les os intacts et d’appeler la police, n’est pas encore claire.
« Nous aurions préféré qu’elle ne touche à rien », ont déclaré les enquêteurs.
Les ossements ont été immédiatement transportés pour analyse par hélicoptère à l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) à Pontoise.
Le colonel Pierre-Yves Bardy, commandant du groupement de gendarmerie des Alpes-de-Haute-Provence, a déclaré qu’il s’agissait d’une « opération extrêmement rapide ».
Sur quoi les enquêtes se concentrent-elles actuellement ?
L’un des principaux points d’intérêt est de savoir pourquoi les ossements n’ont été découverts que maintenant alors qu’ils se trouvent dans une zone qui a déjà fait l’objet de recherches approfondies.
Le colonel Marie-Laure Pezant, porte-parole de la gendarmerie nationale, a confirmé que la zone où les ossements ont été trouvés avait été soigneusement fouillée au moment de la disparition du garçon.
Elle a raconté FranceInfo qu’il n’y avait qu’une « très faible chance » que les gendarmes aient pu manquer le corps du bambin lors des recherches précédentes.
Elle a indiqué que les investigations se concentraient désormais sur différentes hypothèses, notamment :
- Le corps n’a pas été retrouvé lors des recherches effectuées par la police, et si c’est le cas, comment et pourquoi ?
- Les restes ont été déplacés ou cachés en raison de conditions météorologiques défavorables.
- Les ossements ont été apportés dans la région par la suite, que ce soit par une personne ou par un animal.
Le jeudi 28 mars, 17 personnes ont été convoquées par les tribunaux pour participer à une enquête sur les faits. reconstitution du moment où le garçon a été vu pour la dernière fois bien que l’on ne pense pas que cela soit lié à la découverte des ossements.
Le hameau a été fermé à toutes les personnes extérieures pendant que les investigations se poursuivent. Plus de 70 gendarmes et autres enquêteurs sont actuellement sur place.
Quel rôle les conditions météorologiques ont-elles joué, le cas échéant ?
L’une des plus grandes questions concerne les conditions météorologiques et le rôle qu’elles ont pu jouer dans la découverte des ossements.
Par exemple, on suppose que de fortes pluies ou des chutes de neige ont pu entraîner les ossements jusqu’au lieu de la découverte. Certaines zones du Haut-Vernet étaient encore recouvertes d’une légère couche de neige à la fin du mois de mars.
Le jour où les ossements ont été trouvés, le temps était « parfait pour la cueillette des champignons », ont déclaré les villageois.
Les rapports de Météo France ont confirmé que le ciel était couvert, avec un peu de pluie dans la matinée et quelques averses dans l’après-midi. Il n’y a cependant pas eu de fortes précipitations ce jour-là.
Quelles sont les analyses complémentaires effectuées sur les ossements ?
En tant qu’élément de preuve majeur, les ossements font sans surprise l’objet d’analyses approfondies pour tenter d’en savoir plus sur l’affaire.
Un « coordinateur des opérations médico-légales » réunit actuellement des experts, dont un anthropologue, qui examineront non seulement les os, mais aussi le sol du site de la découverte, afin de vérifier depuis combien de temps les os sont là.
Mme Pezant, porte-parole de la Gendarmerie nationale, a déclaré que les spécialistes examineront la terre sur laquelle reposent les ossements afin de dater leur présence, en utilisant « des méthodes similaires à celles utilisées en archéologie ».
Si les restes étaient là depuis longtemps, le sol en porterait des « traces », en raison de la « porosité entre un corps et le sol », a-t-elle précisé.
S’il s’avère que les ossements ne sont pas là depuis longtemps, d’autres hypothèses seront étudiées, notamment s’ils ont été transportés là accidentellement (par les intempéries ou un animal), ou intentionnellement, par un être humain.
Elle a répété qu’il était « très peu probable » que les recherches officielles de la police, les fouilles et les examens de la zone par des chiens renifleurs aient manqué les restes, malgré « l’abondance de la végétation en juillet[…]qui a pu compliquer les recherches ».
Quelles sont les autres recherches en cours ?
Des équipes cynophiles du Centre National d’Investigation Cynophile de Gramat (Lot) sont également arrivées sur les lieux et travaillent actuellement à la recherche du reste du corps et d’autres indices sur les circonstances de la disparition du garçon.
« Nous devons maintenant rechercher l’ensemble du squelette », a déclaré le général Jacques Morel, général de gendarmerie et ancien chef de l’unité de recherche de Versailles.
Les enquêteurs vont également rechercher d’autres traces de l’enfant, en particulier ses vêtements. Au moment de sa disparition, il portait un haut jaune, un short blanc et des chaussures de randonnée.
« Si [Emile] est arrivé là par ses propres moyens, nous devrions trouver quelques vêtements, même s’ils sont abîmés ou en lambeaux », a déclaré le général Morel.
D’autres enquêtes devraient également utiliser des drones « équipés de capteurs spécifiques qui permettent de voir des choses invisibles à l’œil nu », précise le directeur de l’IRCGN. « Nous resterons le temps nécessaire pour capturer la scène. L’objectif est de cartographier tous les sites en 3D ».
Les équipes cherchent également à établir la cause des décès, par exemple en détectant des traces de blessures, d’attaques ou de morsures d’animaux.
« L’imagerie 3D permet d’analyser toutes les lésions, même neuf mois plus tard », explique Bernard Marc, médecin légiste, à FranceInfo. L’analyse des dents peut également révéler les causes de la mort, telles que la strangulation ou l’asphyxie.
Cependant, « si l’enfant est mort d’hypoglycémie [low blood sugar, lack of food] ou du froid, il sera difficile de le prouver à partir des seuls os », a-t-il déclaré.
La porte-parole de la gendarmerie, Mme Pezant, a averti que la détermination de la cause du décès n’était pas nécessairement garantie à partir des seuls ossements. Elle a déclaré : « Nous ne sommes pas certains de découvrir la cause du décès à partir des seuls ossements : « Nous ne sommes pas certains de découvrir la cause ou les circonstances du décès ».
Comment les habitants réagissent-ils à cette découverte ?
Les habitants disent qu’ils attendent des réponses.
L’un d’eux a déclaré que « tout le monde aimerait connaître la fin de l’histoire, pour apporter la paix » et rassurer sa propre famille. Si c’est [proven to be] un accident, je serai plus en paix en laissant [my children] courir dans la nature, que s’il s’agissait d’un enlèvement, par exemple », a-t-elle déclaré.
Rien n’indique pour l’instant qu’Emile ait été kidnappé, même si la gendarmerie a laissé entendre que l’endroit où les ossements ont été trouvés aurait été difficile à atteindre pour un petit enfant seul.