L’essence et le diesel pourraient être vendus à perte afin de maintenir les prix à la consommation à un niveau bas et de lutter contre l’inflation, selon de nouveaux projets.

« En fonction de ce que les distributeurs seront capables de faire, la mesure permettra à tous les Français de trouver de l’essence et du diesel moins chers », a déclaré le ministre de l’économie Bruno le Maire en annonçant ces plans sur France 2.

Il a précisé que la mesure serait mise en place à partir du 1er décembre pour une durée de six mois.

Ces derniers mois, M. Le Maire a été mis sous pression pour faire face à l’augmentation du coût de la vie, notamment aux prix élevés des carburants et de l’énergie. L’inflation, qui s’élève à 4,9 % (fin août 2023 par rapport à la même période en 2022) en France, est également un sujet de préoccupation.

Le prix de l’essence et du diesel a augmenté depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022, et bien que les prix ne soient pas aussi élevés qu’en juin 2022, ils sont repartis à la hausse depuis l’été pour atteindre près de 2 euros le litre pour les automobilistes.

Récemment, TotalEnergies, l’un des principaux fournisseurs, a annoncé qu’il plafonnerait les prix du carburant à 1,99 € le litre à la pompe jusqu’en 2024, après avoir d’abord annoncé qu’il le ferait jusqu’à la fin de cette année.

M. Le Maire a suggéré que les entreprises pourraient faire plus.

« Notre méthode est d’impliquer tout le monde dans cette bataille contre l’inflation. L’Etat ne peut pas supporter seul le coût de l’inflation, cela ne ferait qu’augmenter le déficit », a-t-il déclaré, faisant référence à l’idée rejetée, avancée par Xavier Bertrand (Les Républicains), selon laquelle l’Etat pourrait subventionner les prix de l’essence.

Les taxes représentent une part importante des prix, comme le montre ce graphique :

Il est actuellement illégal de vendre des produits à perte en France, à quelques exceptions près, telles que les soldes, les articles obsolètes ou certains articles hautement périssables.

En 2018, Intermarché a été condamné à une amende de 375 000 euros pour une vente à perte de Nutella, qui avait provoqué des « émeutes » à l’époque.

« Certaines enseignes ont fait remarquer qu’elles ne pouvaient plus baisser leurs prix, car c’est illégal depuis 1963 », a déclaré le Premier ministre Elisabeth Borne dans Le Parisien.

« Exceptionnellement et pour une période limitée, nous allons lever cette interdiction pour l’essence et le gazole, ce qui permettra aux distributeurs de baisser encore leurs prix. »

M. le Maire indique que la modification de la loi du 2 juillet 1963 sera votée à l’Assemblée nationale en octobre.

Que pensent les commerçants de cette mesure ?

Le Figaro rapporte que le gouvernement était en discussion avec les grands distributeurs depuis un certain temps.

Les grandes surfaces, telles que Super U et Leclerc, sont considérées comme très favorables, car l’essence et le gazole sont des produits attractifs qui, à eux seuls, suffisent à attirer le public dans un supermarché plutôt qu’un autre.

Cependant, les petits détaillants sont sceptiques, affirmant que sans l’aide du gouvernement, cela pourrait signifier la fin des stations-service indépendantes.

« Nous sommes loin d’avoir les moyens de proposer [selling at a loss] », a déclaré Francis Pousse, directeur de Mobilians, qui représente 5 800 stations-service indépendantes en France.

Il a déclaré au Figaro qu’en supprimant la loi anti-concurrence, de nombreuses petites stations-service devraient fermer leurs portes.

« Nous ne pourrons pas tenir sans l’aide de l’État, sinon c’est sûr : nous sommes finis »

Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, a déclaré qu’une solution à long terme était nécessaire.

« C’est quelque chose qui peut aider les consommateurs », a-t-elle déclaré à FranceInfo. « C’est positif, mais c’est une mesure à court terme.

« Nous avons besoin d’une vision plus globale, [the government] doit penser plus loin qu’un petit peu ici, un petit peu là, presque semaine par semaine »

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