Le haut débit par fibre optique fait encore défaut dans une grande partie de la France : où et pourquoi ?
Connexions lentes et inconstantes, travaux désordonnés, techniciens en retard… Malgré ces frustrations courantes, le nombre de foyers raccordés au haut débit par fibre optique augmente. Mais toutes les régions n’y ont pas encore accès.
Entre mars et juin 2023, 870 000 foyers supplémentaires ont été raccordés au réseau haut débit en fibre optique, ce qui signifie qu’en juillet 2023, 74 % de la France y avait accès.
De vastes zones du nord-est de la France y ont accès, mais dans le sud, le centre et le nord-ouest, les connexions sont nettement plus inégales.
Quelles sont les régions en retard ?
La Bretagne est la région la moins bien connectée à la fibre optique, les quatre départements de la région étant loin derrière la moyenne nationale. Dans les Côtes-d’Armor, seuls 47 % des foyers sont éligibles à la fibre optique, 50 % dans le Finistère, 54 % dans le Morbihan et 66 % en Ille-et-Vilaine.
Les autres départements les moins performants sont la Vienne, la Dordogne, l’Ardèche, la Drôme, la Somme et la Savoie.
Dans certains cas, comme en Ardèche ou en Savoie, la lenteur de la diffusion de la connectivité par fibre optique peut s’expliquer par la difficulté du terrain.
Cependant, en Dordogne ou dans les départements bretons, les raisons sont plus complexes et liées à la stratégie du gouvernement français élaborée dans le Plan France Très Haut Débit de 2013.
Comme souvent en France, le déploiement de la fibre optique à haut débit repose sur un puzzle composé de l’Etat, des régions, du secteur privé et d’un observatoire (l’ARCEP).
La majeure partie des 6,5 milliards d’euros de financement du système provient finalement de l’État et des régions, les opérateurs privés fournissant la main-d’œuvre et raccordant les foyers, et l’organisme de surveillance surveillant les progrès et veillant à l’ordre public.
Les régions ont créé leurs propres syndicats pour gérer le déploiement, comme Périgord Numérique et Mégalis Bretagne.
En 2017, les grandes villes étaient largement connectées.
Cependant, en décembre de la même année, le président Macron a gelé le financement de l’État jusqu’en 2019, puis a limité le pot de financement à 140 millions d’euros, un montant faible étant donné que la Bretagne à elle seule avait encore besoin de 200 millions d’euros pour achever son déploiement de la fibre optique.
C’est à ce moment-là que l’élan pour le déploiement a été le plus fort dans les régions. La plus grande liberté et la plus grande part des coûts ont entraîné une grande disparité dans le taux de progression entre les régions.
En Bretagne, la collectivité responsable du déploiement de la fibre Mégalis Bretagne a admis que ses choix ont entraîné des retards.
« C’est en partie dû aux choix que nous avons faits entre 2016 et 2020 de faire appel à des entreprises locales pour réaliser les travaux. On a pris du retard », a déclaré son porte-parole au Pontivy Journal en mai 2023
Le gouvernement français a tenté de résoudre la question du financement disparate dans sa nouvelle édition du Plan France Très Haut Débit publiée en 2023, qui alloue des fonds jusqu’en 2025 et au-delà. Le plan prolonge également le projet au-delà de sa date d’achèvement initiale de 2025 en raison des retards importants en Bretagne en particulier.
Le plan vise désormais un accès à 100 % au haut débit par fibre optique d’ici 2030.
Si la Bretagne est à la traîne, Mégalis Bretagne estime que des leçons ont été tirées.
« Pour la prochaine phase de déploiement, nous n’allons faire appel qu’à une seule entreprise, ce qui permettra d’aller beaucoup plus vite. »
Trop de sous-traitants
Plus d’informations : Le réseau français de fibre optique a fait l’objet de sept fois plus de plaintes que le réseau mobile
En mai, le sénateur Patrick Chaize, qui représente l’Ain (Les Républicains), a suggéré que le déploiement était mal géré.
« Le problème est que les opérateurs ne sont tout simplement pas équipés pour le nombre de connexions – 15 000 par jour – et donc ils sous-traitent, et leurs sous-traitants sous-traitent également », a déclaré M. Chaize à la Connexion.
Les entrepreneurs et les sous-traitants, a-t-il ajouté, sont souvent mal payés et soumis à une pression considérable pour connecter trop de foyers, trop rapidement, ce qui signifie que de nombreuses personnes ont été laissées sur le carreau en ce qui concerne la qualité de leur connexion à la fibre optique.
Quels sont les problèmes rencontrés ?
L’Association française des utilisateurs de télécommunications (Afutt) indique que les « interruptions de service » constituent la principale plainte, et que des villages entiers peuvent être coupés de l’internet pendant plusieurs jours.
De nombreuses personnes s’inquiètent de la fragilité du réseau de fibre optique, qui peut parfois s’interrompre lorsqu’un opérateur est en train de raccorder une autre maison dans le voisinage.
Des facteurs externes peuvent également intervenir : une panne massive d’internet a récemment touché 27 communes des Cévennes après que des rongeurs aient rongé des câbles de fibre optique près de Florac (Gard).
Lire la suite : Coupure d’Internet dans le sud de la France après que des rongeurs aient rongé des câbles
D’autres utilisateurs se sentent frustrés de ne pas pouvoir se rabattre sur l’ancien système ADSL en cuivre lorsque la nouvelle connexion par fibre optique tombe en panne.
Le réseau en cuivre, qui compte encore 22,6 millions de lignes actives et 15 millions de poteaux en France, devrait être démantelé d’ici à 2030.
Comment éviter les problèmes ?
Assurez-vous d’être présent lorsque l’opérateur (Orange, SFR, Free, etc.) viendra raccorder votre logement au réseau de fibre optique.
L’opérateur peut être amené à percer des trous, ou à faire passer le nouveau câble de fibre le long des murs intérieurs et extérieurs. Faites part de vos préférences à la personne chargée de ces travaux, car des solutions alternatives peuvent être proposées (par exemple, placer le câble dans un coin).
Si vous n’êtes pas satisfait du service, adressez-vous en premier lieu au service clientèle de votre opérateur et, s’il s’avère difficile de le contacter, à une association de consommateurs telle que l’UFC-Que Choisir.
Toutes les entreprises de télécommunications en France sont réglementées par le médiateur des médias, que vous pouvez contacter si le service clientèle n’est pas satisfaisant.
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