Le ministre français de l’éducation est favorable à l’expérimentation de l’uniforme dans les écoles
Les uniformes pourraient être introduits dans les écoles ouvertes à cette idée, le ministre de l’Education s’étant déclaré favorable à l' »expérimentation ».
Le système scolaire national français n’impose pas le port de l’uniforme aux élèves, contrairement à de nombreux établissements privés, tels que les écoles militaires et les écoles des départements d’outre-mer.
En France, les élèves peuvent généralement porter ce qu’ils veulent tant qu’ils n’enfreignent pas certaines règles de l’école. Toutefois, depuis 2004, le gouvernement a mis un frein au port d’articles religieux tels que les turbans, les voiles islamiques, les croix et les kippas.
Le 27 août, le ministre de l’éducation, Gabriel Attal, a étendu l’interdiction aux abayas, une robe ample et longue traditionnellement portée en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.
Lire la suite : L’abaya portée par certaines jeunes filles musulmanes est interdite dans les écoles
Dans une interview accordée au Figaro fin août, M. Attal est allé plus loin en se prononçant en faveur de l’uniforme à l’école, une mesure soutenue par 60 % des Français selon un sondage réalisé en 2023 par CSA pour CNews*.
« Je suis très favorable à l’expérimentation si elle peut faire avancer le débat. La meilleure façon d’évaluer la situation est de la tester », a déclaré M. Attal.
« Ce ne serait pas une baguette magique qui résoudrait tous nos problèmes, mais je suis favorable à ce que les écoles l’essaient si elles le souhaitent.
Où les uniformes scolaires pourraient-ils apparaître ?
Les propos du ministre ont été salués par plusieurs maires et parlementaires, dont Eric Ciotti, chef de file du parti Les Républicains (droite) et président du conseil général des Alpes Maritimes.
M. Ciotti a tweeté son soutien à la proposition le 3 septembre, déclarant qu’il aimerait lancer une expérimentation d’uniformes scolaires dans les Alpes Maritimes, suggérant qu' »une telle mesure pourrait aider à lutter contre les inégalités et le harcèlement ».
Le maire de Perpignan, Louis Aliot du Rassemblement national (extrême droite), souhaiterait également voir des uniformes scolaires dans sa ville.
« Je ne peux pas l’imposer aux écoles », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse le 31 août, « je ne peux que leur en donner la possibilité. Peut-être y aura-t-il des chefs d’établissement qui y seront favorables. En tout cas, les parents m’ont demandé de le faire ».
Pourquoi les uniformes divisent-ils en France ?
Le soutien apporté par certains aux essais d’uniformes est en grande partie d’ordre politique. Les uniformes scolaires sont généralement soutenus par les politiciens de droite en France.
Marine le Pen (Rassemblement national) et Eric Zemmour (Reconquête) y sont favorables pour renforcer les valeurs républicaines face à ce qu’ils perçoivent comme la menace du multiculturalisme et de l’expression religieuse à l’école.
Le parti socialiste ne soutient pas l’idée, son premier secrétaire Olivier Faure tweetant le 29 août que la mesure signifierait « un uniforme pour les pauvres dans les zones pauvres ».
L’adjoint socialiste au maire de Paris Emmanuel Grégoire a déclaré sur France Info qu' »il y a 1 000 choses plus importantes que les uniformes ».
Un débat de longue haleine
Le débat sur les uniformes scolaires a connu des hauts et des bas pendant de nombreuses années.
Brigitte Macron, épouse du président et ancienne enseignante, s’est récemment prononcée en faveur des uniformes.
Lire la suite : Non, Madame Macron, les uniformes scolaires ne sont pas synonymes d’égalité sociale ».
Lors d’un congrès du parti de droite UMP en 2011, le Premier ministre de l’époque, François Fillon, a proposé d’expérimenter l’introduction d’uniformes dans certaines écoles – la même mesure que celle proposée aujourd’hui par M. Attal.
Même en 2003, Xavier Darcos, alors ministre de l’éducation sous la présidence de Chirac, a déclaré au Parisien que l’introduction d’uniformes devrait être envisagée.
Bien qu’il n’y ait jamais eu d’uniforme scolaire en France, à partir de 1882, de nombreuses écoles ont exigé que les élèves portent de simples chemises bleues, roses ou beiges, une pratique qui n’a jamais fait l’objet d’une législation en tant que telle, mais seulement des recommandations du Premier ministre de l’époque, Jules Ferry.
Cette pratique a été abandonnée à la suite des manifestations étudiantes de mai 1968.
*Sondage réalisé en ligne entre le 10 et le 11 janvier 2023 auprès de 1 010 personnes âgées de 18 ans et plus.
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