Lorsque le président Emmanuel Macron a nommé un jeune homme de 34 ans Gabriel Attal, 34 ans, au poste de premier ministre (9 janvier), les gros titres en France ont presque tous porté sur l’âge de M. Attal, soulignant ainsi une différence essentielle entre la couverture médiatique française et celle de la plupart des médias internationaux.

Contrairement à l’âge, de nombreux journaux américains ont titré sur l’homosexualité de M. Attal, ainsi que sur son âge.

M. Attal est à la fois le plus jeune Premier ministre de la Cinquième République et le premier ouvertement homosexuel.
Points de vente dont Les gens, Le New York Times et le Associated Press a inclus cette référence. D’autres comme CNNet les médias britanniques The BBC et The Guardian collé à l’âge seulement.

Cependant, les médias français se sont massivement concentrés sur le jeune âge de l’homme politique et ont souvent sous-estimé ce deuxième « premier moment » dans la politique française.

M. Attal lui-même a semblé minimiser ce détail.

« Le plus jeune président de l’histoire a nommé le plus jeune premier ministre de l’histoire », a-t-il déclaré dans son tout premier discours en tant que Premier ministre, évoquant également l’âge pour expliquer le choix de M. Macron – ce dernier avait 39 ans lorsqu’il est devenu président en 2017.

M. Attal a utilisé l’âge comme un moyen de montrer l' »audace » de M. Macron – et n’a fait référence à son homosexualité qu’en aparté.

Qu’est-ce que cette différence de focalisation suggère sur les médias français, si tant est qu’il y ait quelque chose à dire ? La Connexion s’est entretenu avec deux membres de la communauté journalistique gay et française pour faire la lumière sur cette question.

Thomas Vampouille, rédacteur en chef de Têtu, le plus ancien journal LGBTQI+ de France, a déclaré : « Il y a un mélange de maladresse et de vœux pieux parmi les médias français et les commentateurs politiques », suggérant que les commentateurs politiques ont affirmé que la sexualité de M. Attal était déjà « bien connue et acceptée » afin d’éviter la question.

M. Vampouille a été invité à plusieurs émissions de télévision pour commenter la nomination, où il a déclaré avoir été témoin d’une « sorte d’embarras parmi ses pairs hétérosexuels blancs » lorsqu’il a été interrogé sur cet aspect.

Il a également noté qu’aucun journal français n’avait titré sur la sexualité de M. Attal, alors qu’il s’agissait d’un événement politique sans précédent. M. Attal n’est que le septième premier ministre au monde à être ouvertement homosexuel, et le premier en France.

« Les médias français considèrent toujours l’homosexualité comme un contenu sexuel, alors que les journaux américains la considèrent comme faisant partie de l’identité d’un individu », a-t-il ajouté.

Vie privée

Cela pourrait expliquer en partie le silence des médias français sur l’homosexualité de M. Attal, a déclaré M. Vampouille, car beaucoup considèrent que cela fait partie de la vie privée d’une personne, et que ce n’est donc pas un « problème ».

Cependant, M. Vampouille a déclaré que l’absence de couverture était notable, car « il s’agit d’un événement politique majeur ».

« C’est la première fois en France et c’est très rare dans le monde », a-t-il déclaré. « C’est un sujet quand ça n’arrive pas et c’est un sujet quand ça n’arrive pas. [seems to have] est devenu un non-sujet maintenant qu’il s’est produit ».

Frédéric Martel, sociologue français ouvertement gay et spécialiste des États-Unis et de la communauté gay, a souligné que le sexe était normalement mis en avant dans les reportages et que le fait de ne pas mentionner la sexualité pouvait donc être considéré comme une omission curieuse.

« Les médias français n’ont eu aucun mal à souligner que Mme Borne était la deuxième femme élue premier ministre », a-t-il déclaré.

« Et les mêmes commentateurs politiques n’ont pas hésité à alimenter une rumeur sur son homosexualité supposée. Ce n’était pas considéré comme de la ‘vie privée’ à l’époque », a déclaré M. Vampouille.

Mme Borne a ensuite donné au magazine et au site web Têtu une interview pour démentir la rumeur.

M. Martel, 56 ans, a été l’un des rares sur Twitter à souligner la position ouvertement homosexuelle de M. Attal dans un tweet après la nomination.

« Pour quelqu’un de ma génération, c’est un moment décisif. Cela a toujours été impensable ».

Cependant, il a dû faire face à une avalanche de commentaires homophobes sous son tweet, simplement parce qu’il l’avait mentionné. « J’ai supprimé 250 réponses homophobes », a-t-il déclaré.

Sortie

Des personnalités de l’extrême droite, de la droite alternative ou de la droite conservatrice ont souvent tenté d’utiliser l’homosexualité de M. Attal pour attaquer M. Macron.

Guillaume Roquette, rédacteur en chef de Le Figaro Magazinea suggéré hier en direct sur LCI que le choix de M. Macron était motivé par l’orientation sexuelle de M. Attal. La chaîne a depuis supprimé la séquence.

L’argument est souvent utilisé par les conservateurs et l’extrême droite pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme l’influence rampante du « wokeism » et du « lobby LGBT ».

L’idée que la sexualité de M. Attal l’aide politiquement est en fait la façon dont sa propre orientation sexuelle a été révélée. Il a été « outé » – c’est-à-dire qu’il a révélé publiquement l’homosexualité de quelqu’un, souvent contre son gré – dans un livre en 2018.
Juan Branco, avocat, personnalité de la télévision d’extrême gauche et ancien camarade de classe de M. Attal, a suggéré dans le livre que M. Attal avait gravi les échelons politiques grâce à sa relation avec Stéphane Séjourné, député européen.

Quelques jours plus tard, M. Attal est invité par M. Martel dans son émission Soft Power sur France Culture pour discuter d’un sujet sans rapport avec la révélation. M. Martel a déclaré qu’ils n’en avaient parlé qu’officieusement. M. Attal a lui-même révélé publiquement son homosexualité quelques mois plus tard lors d’une interview.

Les deux Le Point et Le Monde a profité de la nomination de M. Attal au poste de premier ministre pour informer ses lecteurs que le couple – M. Attal et M. Séjourné – est désormais séparé.

Dans l’ensemble, M. Martel a déclaré qu’il pensait que la mention de la sexualité de M. Attal dans les titres des journaux serait une bonne chose.

« J’aurais aimé que la presse française mette son homosexualité à la une », a-t-il déclaré. « Cela finira par venir grâce à la position [of outlets] comme le New York Times ».

Articles connexes

Le Président nomme Gabriel Attal Premier ministre de la France

Les personnes LGBT vivant dans les zones rurales de France peuvent « se sentir seules », selon l’organisateur de la Pride.

Pas de bonne année pour le président français en quête d’une place dans l’histoire