Les députés français vont débattre de la « discrimination fondée sur la couleur et le style des cheveux ».
Le Parlement français devrait débattre le 28 mars d’une nouvelle loi sur la « discrimination capillaire » dans le cadre d’un projet de loi visant à prévenir la discrimination fondée sur la couleur des cheveux et la coiffure sur le lieu de travail.
La loi a été proposée par le député Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer & ; Territoires, centre) Olivier Serva, et suggère des sanctions pour les entreprises qui discriminent leurs employés en raison de la coiffure, de la couleur ou du type de cheveux.
Il peut s’agir, par exemple, de discriminer quelqu’un parce qu’il a des cheveux afro naturels (en les considérant comme « moins professionnels », par exemple), ou de supposer qu’une personne aux cheveux longs et blonds est moins intelligente ou moins professionnelle que son homologue brune.
M. Serva estime que la France est « en retard » sur le sujet, après qu’une vingtaine d’États nord-américains ont adopté plusieurs lois sur la question.
Il a cité des études menées aux États-Unis (il n’en existe aucune en France, en grande partie parce que la France n’autorise pas les sondages fondés sur l’appartenance ethnique), qui montrent que deux tiers des femmes afro-américaines ont changé de coiffure avant un entretien d’embauche, y compris en lissant leurs cheveux naturels.
Et ce, malgré d’autres études suggérant que l’utilisation régulière de produits « lissants » peut être préjudiciable à la santé. Une étude de l’agence de santé américaine a même révélé que ces produits pouvaient multiplier par quatre le risque de cancer de l’utérus.
Aux États-Unis, les personnes de couleur déclarent depuis longtemps qu’elles ont l’impression que leurs cheveux naturels sont perçus comme moins professionnels ou moins respectueux que les coiffures que l’on voit plus souvent chez les autres ethnies.
« La discrimination capillaire existe [in France], a déclaré le sociologue Jean François Amadieu à FranceInfo. « Il y en a de toutes sortes, c’est indéniable.
Selon lui, les études sociologiques montrent qu’il existe une perception selon laquelle les personnes aux « cheveux texturés et lâches sont associées à des personnes moins sérieuses, moins rigoureuses, plus désordonnées, par rapport à celles qui ont des cheveux plus lisses et plus coiffés », quelle que soit la couleur de leur peau.
La loi française interdit déjà 25 types de discrimination, dont celle qui se réfère à l’apparence physique des personnes. Cependant, certains affirment qu’il peut être difficile de prouver la discrimination en vertu de la législation actuelle.
Il y a eu peu d’affaires judiciaires sur cette question en France, mais en un cas notable en 2016un pompier portant une barbe et une queue de cheval a poursuivi son employeur en justice pour « discrimination, harcèlement et abus de pouvoir » après qu’il l’a empêché de porter l’uniforme et l’a sommé de se couper les cheveux sous peine d’une réduction de salaire.
Le colonel de la caserne a déclaré qu' »une barbe de deux mois et des cheveux longs sont mal vus » et que « les pompiers ont une certaine image et un code moral à respecter », mais l’employé a contesté que ses cheveux aient eu une quelconque incidence sur sa capacité à bien s’acquitter de ses tâches.
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