Les séances de sport seront-elles remboursées dans toute la France ?

Les séances de sport seront-elles remboursées dans toute la France ?

Le remboursement à l’échelle nationale des activités sportives sur ordonnance pour les patients souffrant de certaines pathologies devait être inclus dans le budget des soins de santé pour 2024 – mais ne figure pas encore dans le projet de document.

Ces activités ont fait l’objet d’essais qui se sont révélés efficaces, avec une réduction significative de la prise de médicaments par les participants et une amélioration de l’équilibre et de la mobilité.

Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale a été publié hier (mercredi 27 septembre).

Le remboursement des séances de sport pour les patients atteints de cancer, de diabète et d’autres maladies devrait être étendu à l’échelle nationale.

Toutefois, le projet n’en fait pas mention.

Le plan s’inscrit dans l’objectif du président Emmanuel Macron de promouvoir le sport et l’activité physique alors que la France se prépare à accueillir les Jeux olympiques et paralympiques en 2024.

Les séances de sport sont remboursées depuis 2016 dans certaines régions, par exemple à Strasbourg et dans la région Grand Est, les médecins pouvant prescrire des séances de sport aux personnes souffrant de maladies chroniques.

Cependant, ils ne sont pas remboursés au niveau national, de sorte que le taux d’utilisation est actuellement faible.

Sport santé sur ordonnance

Les séances de sport sur ordonnance – connues sous le nom de « Sport santé sur ordonnance » (SSSO) – ont été lancées à Strasbourg en 2012.

Au départ, les séances étaient réservées aux adultes atteints d’une maladie chronique, comme le cancer, les problèmes cardiovasculaires, le diabète, l’obésité ou l’hypertension artérielle.

Strasbourg présente un taux de maladies cardiovasculaires, d’obésité et de mortalité supérieur à la moyenne française.

Les sessions ont depuis été étendues aux personnes âgées fragiles, aux personnes souffrant de problèmes psychiatriques, aux personnes ayant une longue invalidité, aux femmes enceintes et aux jeunes mères.

Au total, environ 5 000 résidents bénéficieraient actuellement de séances de SSSO remboursées.

« Chaque semaine, 1 000 personnes participent à une centaine de séances d’activités », a déclaré Matthieu Jung, de la Maison Sport Santé de Strasbourg, au journal Le Monde.

Depuis 2014, 1 000 enfants ont été inscrits au programme pour les aider à lutter contre l’obésité et les problèmes de poids.

Comment fonctionne la prescription ?

Lorsqu’un patient reçoit une ordonnance, il doit d’abord se soumettre à une évaluation médicale du sport, y compris un test visant à déterminer la distance qu’il peut parcourir en six minutes.

Le patient choisit ensuite un type de sport parmi plusieurs proposés, dont le yoga et la natation, et bénéficie de 12 séances sur trois mois. Les séances sont gratuites la première année, puis tarifées selon une échelle mobile en fonction des revenus la deuxième année.

Depuis 2018, 17 402 patients de la région Grand-Est ont bénéficié de ces séances.

Le Dr Arielle Brunner, directrice de la promotion de l’Agence régionale de santé, estime que 20 à 25 % de la population locale pourrait en bénéficier.

Lire la suite : Pourquoi l’exercice physique peut vous mettre sur la voie rapide de la maîtrise du français

Amélioration de la santé

Un essai mené par l’Assurance maladie a comparé 172 personnes participant au programme à des participants témoins qui n’y participaient pas.

Les résultats des 172 participants au programme SSSO aux tests de marche et d’équilibre ont augmenté de manière significative – et leur recours aux soins de santé a chuté de 35 % en 18 mois.

Une baisse notable de la consommation de médicaments a été observée chez les participants, alors que cette consommation a augmenté de 12 % dans le groupe de contrôle.

D’autres études menées par des sociologues de l’Université de Strasbourg ont montré que la mesure aidait surtout les personnes à faible revenu.

Environ 60 % des participants au SSOS touchent le salaire minimum ou perçoivent des allocations.

Déploiement des remboursements

Bien que les médecins puissent techniquement prescrire des séances de sport depuis 2016 pour les personnes souffrant de maladies chroniques, peu d’entre eux le font dans la pratique.

Et ce, bien que la définition des « maladies chroniques » ait été élargie en 2022 pour inclure les personnes considérées comme étant en perte de mobilité.

Certaines assurances complémentaires privées remboursent un certain nombre de séances, mais les personnes qui n’ont pas d’assurance complémentaire risquent de ne pas en bénéficier.

Le Monde estime que l’inactivité coûte 140 milliards d’euros par an à la France. Une personne inactive âgée de 20 à 39 ans coûte 843 euros au pays, et une personne âgée de 40 à 74 ans coûte jusqu’à 23 277 euros.

Le calcul est basé sur les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de plusieurs organismes officiels de santé français, ainsi que sur la revue médicale Lancet.

L’assurance maladie française a déclaré qu’elle pourrait prendre en charge le SSOS pour tous les patients français atteints de cancer ou de diabète. Ce déploiement pourrait concerner environ sept millions de personnes, permettant l’accès à deux ou trois séances par semaine pendant trois mois.

À terme, d’autres maladies pourraient être couvertes, en fonction des résultats des essais locaux.

Prévention et traitement

Les nombreux avantages de l’exercice physique sont bien connus, tant pour la prévention que pour le traitement des maladies.

Certaines études – rapportées dans Le Monde – ont montré que l’exercice physique peut réduire de manière significative la fatigue et les effets secondaires du traitement chez les patients atteints de cancer.

Il peut également réduire la probabilité de rechute du cancer du sein de 40 à 60 %.

Cependant, en France, comme dans de nombreux autres pays, les niveaux de sédentarité sont considérés comme élevés.

Environ 47 % des femmes et 29 % des hommes sont physiquement inactifs, selon les données de l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité.

L’OMS estime que si rien ne change, près de 50 millions de nouveaux cas de maladies chroniques évitables apparaîtront chaque année dans le monde en raison du manque d’activité.

François Carré, cardiologue sportif, a déclaré au journal Le Monde que cela pourrait entraîner 150 000 à 200 000 cas supplémentaires en France par an.

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