L’organisme de surveillance prend des mesures concernant le traitement interdit de l’eau minérale française
Un organisme de surveillance de la sécurité alimentaire en France a entamé une procédure judiciaire contre le géant de l’alimentation Nestlé – qui produit des marques telles que Vittel et Perrier – après qu’il a été découvert qu’il avait traité illégalement de l’eau minérale.
L’ONG Foodwatch a confirmé le 21 février qu’elle avait porté l’affaire devant le tribunal de Paris.
L’affaire portera sur neuf infractions présumées à la directive européenne sur les eaux minérales, ainsi qu’aux codes de la santé publique et de la consommation, le Code de la consommation et le Code de la santé publique.
Nestlé Waters, ainsi que le groupe Sources Alma, sont dans la ligne de mire pour avoir utilisé diverses méthodes de désinfection illégales pour leurs marques d’eau.
Fin janvier de cette année, Nestlé Waters a admis avoir utilisé des traitements interdits pour plusieurs de ses marques d’eau – Perrier, Vittel, Hépar et Contrex – y compris le nettoyage aux ultraviolets et les traitements au charbon actif.
Enquêtes et dénonciation par un travailleur
Les actions illégales ont été mises au jour à la suite d’une enquête menée par Le Monde et ses partenaires à l’adresse suivante Les Echos et Radio France – ont cité des marques françaises emblématiques telles que Perrier et Vittel. Le 29 janvier, Les Echos ont affirmé que « pendant des années, Nestlé a enfreint la réglementation sur le maintien de la sécurité de son eau ».
Plus d’informations ici : Perrier, Vittel : les marques françaises « filtrent illégalement de l’eau contaminée ».
Ces traitements ne présentent aucun risque pour la santé et sont souvent utilisés pour l’eau du robinet, mais l’Union européenne interdit leur utilisation pour l’eau vendue comme « eau minérale naturelle ».
Nestlé a déclaré avoir informé les autorités de ces pratiques à partir de 2021, ce qui a incité le gouvernement français à lancer une enquête. Celle-ci a révélé que » près de 30 % des marques commerciales[…]font l’objet de traitements non conformes « .
Nestlé aurait également demandé au gouvernement l’autorisation de continuer à utiliser ces traitements et suggéré que la loi soit modifiée pour permettre l’utilisation de filtres ayant une capacité de filtration inférieure à 0,8 micron.
Le gouvernement est également accusé de ne pas avoir informé les tribunaux ou les autorités européennes, alors que les directives européennes et la loi française stipulent que si un État membre a des raisons de croire qu’une eau n’est pas conforme, il doit immédiatement en informer la Commission. Le gouvernement est accusé d’avoir entamé des négociations avec le géant de l’eau, plutôt que d’avoir dénoncé ses agissements.
Les plaintes ont commencé à émerger en 2020, lorsqu’un travailleur anonyme de l’usine Alma a allégué ces pratiques dans un rapport soumis à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).
L’usine appartient au groupe Sources Alma, qui produit une trentaine de marques d’eau connues en France, dont Cristaline, Santi-Yorre, Vichy Célestins et Châteldon.
La DGCCRF a constaté que l’entreprise semblait traiter son eau avec des matériaux non conformes : injection de sulfate de fer et de CO2 industriel, microfiltration en dessous des seuils autorisés, mais aussi mélange d’eau dite « minérale » ou « de source » avec de l’eau du réseau (eau du robinet).
Le procureur de la République de Cusset (Auvergne-Rhône-Alpes), Éric Neveu, a ouvert une enquête préliminaire le 7 juillet 2023. Il a déclaré au Monde et à Radio France qu' »une information judiciaire pourrait être ouverte pour plusieurs délits de tromperie ».
Une fraude massive
« Personne, pas même une multinationale comme Nestlé, n’est au-dessus de la loi », a déclaré Ingrid Kragl, directrice de l’information chez Foodwatch. « C’est pourquoi nous déposons une plainte aujourd’hui.
« Il s’agit d’une fraude massive dont Nestlé Waters, le groupe Sources Alma et le gouvernement français devront répondre.
Foodwatch a également envoyé une lettre à la Commission européenne, dénonçant « la complaisance de la France, qui est impliquée dans cette affaire depuis plusieurs années et aurait dû alerter les autorités européennes et les autres Etats membres importateurs de ces eaux ».
Fin janvier, le parquet d’Épinal (Vosges) a également annoncé l’ouverture d’une enquête préliminaire sur la filiale Nestlé Waters pour tromperie.
Jusqu’à présent, pour sa défense, le groupe Alma a répliqué en déclarant (au présent) : « Nous n’utilisons pas de traitements non conformes ». De même, Nestlé Waters a affirmé que ses systèmes étaient désormais conformes.
Règles sur l’eau en France
Le Code de la santé publique mentionne trois types d’eau embouteillée :
- L’eau minérale naturelle, qui se distingue par sa « pureté originelle » (comme Perrier, Vittel, Evian)
- Eau de source (telle que Cristaline)
- Eau « rendue potable par traitement ».
Les eaux minérales naturelles et les eaux de source sont censées être protégées des risques de contamination et de pollution car elles sont puisées dans des aquifères souterrains profonds.
Cela signifie que légalement, elles ne peuvent être purifiées que par un nombre limité de traitements, et que l’utilisation de filtres à charbon ou de filtres UV est interdite. Le seuil de filtration ne doit pas être inférieur à 0,8 micron et la filtration ne doit être utilisée que de manière ponctuelle pour filtrer des minéraux tels que le fer ou le manganèse.
L’eau minérale naturelle est censée être déjà pure et ne devrait donc pas nécessiter de purification. Ces règles strictes sont l’une des raisons pour lesquelles les Français font souvent confiance à l’eau minérale naturelle, qui est 100 fois plus chère que l’eau du robinet, mais qui est censée être « plus pure », « plus saine » et « meilleure pour la santé ».
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