Un phénomène rare permet de voir les Pyrénées depuis la côte sud-est de la France, à plus de 250 kilomètres, certains jours de l’année.

Ce phénomène est dû à l’alignement du soleil sur les sommets des Pyrénées lors de son coucher et de son lever, ainsi qu’à l’effet de l’atmosphère sur la lumière. Il peut se produire entre le début du mois de novembre et la fin du mois de février.

Alain Origné, 73 ans, ingénieur de recherche retraité du CRNS (Centre national de la recherche scientifique) au Laboratoire d’astrophysique de Marseille, a dressé une liste des points d’observation et des dates auxquelles le phénomène est visible, que vous pouvez trouver sur son site web ici.

Par exemple, il est visible près de Marseille vers le 15 février et près de Toulon jusqu’au 22 février. Si vous décidez de vous rendre à l’un de ces points d’observation, renseignez-vous d’abord sur les moyens d’y accéder : certains d’entre eux nécessitent deux heures de marche.

Observée pour la première fois en 1808

Le phénomène est connu depuis longtemps à Marseille, a déclaré M. Origné, même si l’on croyait qu’il s’agissait d’une île en voie de disparition. Comme les pêcheurs locaux savaient qu’une telle île n’existait pas, on pensait qu’il s’agissait d’une sorte de mirage ou d’une plaisanterie.

Au début du XIXe siècle, un astronome autrichien, le baron Franz Xaver von Zach, vient travailler à Marseille.

Il entendit parler par des habitants de l’observation d’une île mystérieuse dans le sud-ouest et, en tant que géographe de talent, comprit qu’il ne pouvait s’agir que des Pyrénées, situées à environ 250 kilomètres de là.

Le 8 février 1808, il se rend avec plusieurs témoins sur le point culminant de Marseille (le fort de la colline de la Garde, où se trouve aujourd’hui une basilique), à environ 150 mètres au-dessus du niveau de la mer, et enregistre la première observation scientifique des Pyrénées depuis Marseille, confirmant ainsi le phénomène.

Il a ensuite consigné cette observation dans un livre.

En l’absence de preuves photographiques, les spécialistes de l’époque ont effectué des calculs et conclu qu’il n’était pas possible de voir les Pyrénées à 250 kilomètres de distance en raison de la courbure de la Terre, mais nous savons aujourd’hui que le baron von Zach avait raison.

Les effets de l’atmosphère sur la lumière

La raison pour laquelle les savants de l’époque n’ont pas cru le baron von Zach est que les effets optiques de l’atmosphère n’étaient pas encore connus.

Plus tard, les scientifiques ont découvert que les différences de pression atmosphérique dues à l’altitude peuvent donner une courbure aux ondes lumineuses.

Cette courbure est « possible sur de grandes distances, ce qui est le cas de ce phénomène », a déclaré M. Origné.

Il n’est observable que depuis des points de vue spécifiques à des moments précis entre novembre et février en raison de l’alignement du soleil avec les sommets pyrénéens.

Le soleil est directement derrière les sommets tels que le Canigou et le Puig Sec depuis les points compilés par M. Origné aux dates qu’il a indiquées, ce qui les rend visibles sur le disque solaire.

Il note qu’il s’agit d’un phénomène « unique » et « rare ». Il a recherché d’autres phénomènes similaires mais aucun ne correspond à la grande distance et à la courbure de celui-ci, ce qui invoque directement l’effet de l’atmosphère.

L’atmosphère peut également influencer la forme du soleil couchant et créer des mirages.

Elle agit également comme un filtre, ce qui explique pourquoi la Lune et le soleil couchant ou le soleil levant apparaissent plus rouges lorsqu’ils sont proches de l’horizon que lorsqu’ils sont situés plus haut dans le ciel.

Vingt ans de recherches personnelles

M. Origné n’est pas astronome mais une passion l’a conduit à s’intéresser à ce phénomène qui dure depuis plus de 20 ans.

Travaillant au Laboratoire d’Astrophysique de Marseille, il a eu accès à certains documents qui ont alimenté ses recherches personnelles sur ce qui a longtemps été considéré comme une plaisanterie.

Il a créé un blog et un site web il y a de nombreuses années avec les dates et les lieux le long de la côte française à partir desquels les gens pouvaient observer les Pyrénées.

Il l’a fait parce qu’il a constaté que le bouche-à-oreille n’était pas exact et qu’il voulait que le plus grand nombre possible de personnes puissent être témoins de ce spectacle incroyable.

Il a maintenant écrit un livre sur l’événement, dans lequel il raconte son histoire et indique les endroits où il est possible de le voir. C’est le syndicat mixte Canigó Grand Site, chargé de la défense et de la promotion du massif du Canigou, qui lui a demandé de l’écrire.

Il est écrit en français sur la partie gauche et traduit en catalan sur la partie droite. Pour les Catalans, le Canigou est un site important, « presque sacré », et son importance s’étend bien au-delà de l’Espagne et de la France, d’où la demande qui lui a été faite d’écrire ce livre.

Le livre n’est pas encore disponible en anglais, mais vous pouvez l’acheter ici. Il contient de nombreuses photos du phénomène.

Le site web de M. Origné, que vous pouvez trouver ici, est également en français, mais la plupart des navigateurs Internet offrent la possibilité de traduire directement les sites web.

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