Pourquoi la France a-t-elle fait volte-face sur l’interdiction des chaudières à gaz ?
L’interdiction générale des chaudières à gaz envisagée pour mai 2023 a été officiellement abandonnée.
Cette décision intervient après que le palais de l’Elysée, la résidence du président, a été équipé d’une telle chaudière au début de l’année.
Qu’est-ce qui a conduit le gouvernement à faire marche arrière ?
Les chaudières à gaz ont été interdites dans les nouvelles constructions à partir du 1er janvier 2022, dans le but de réduire les émissions de carbone, les pompes à chaleur étant considérées comme la solution de remplacement recommandée.
En mai, le Premier ministre Elisabeth Borne a annoncé que le gouvernement souhaitait étendre l’interdiction aux habitations existantes d’ici 2026, obligeant les propriétaires à remplacer progressivement les chaudières à gaz par des pompes à chaleur plus écologiques.
Cependant, avec 11 millions de foyers utilisant actuellement des chaudières à gaz, ce qui représente 40 % de la population, une interdiction aurait eu des conséquences considérables sur les finances des particuliers et l’économie française.
Une tâche impossible
Les opposants se sont immédiatement prononcés contre le projet d’interdiction.
« Ils ne peuvent pas dire qu’en 2026 il n’y aura plus de chaudières à gaz et qu’ils formeront 200 000 ingénieurs pour installer des pompes à chaleur. C’est un calendrier impossible », a déclaré Jean-Christophe Repon, président de la Confédération des constructeurs indépendants (Capeb).
« Je l’ai dit à Elisabeth Borne et je le dirai à Olivier Klein. [the then-Minister of Housing]que ce serait tout simplement irréalisable jusqu’à ce que le nouvel EPR [nuclear reactors] aient été construits ».
Coénove, une association de professionnels de l’énergie, s’inquiète des répercussions de l’interdiction dans le contexte actuel de crise du coût de la vie.
« Les pompes à chaleur coûtent 10 000 euros de plus qu’une bonne chaudière à gaz, ont une durée de vie plus courte et des coûts d’entretien plus élevés », a déclaré l’association dans un communiqué de presse.
« Les ménages aux revenus modestes, qui vivent souvent dans des zones isolées, ne pourront absolument pas se permettre d’acheter des pompes à chaleur. »
Le gaz était la seule option pour l’Elysée
Apparemment, les inquiétudes concernant le coût ne concernaient pas uniquement les ménages aux revenus modestes dans les régions isolées.
En juillet, il est apparu que le palais de l’Elysée lui-même avait récemment fait installer une chaudière à gaz pour un coût de 100 000 euros.
Le président s’est empressé de défendre cette décision, qui allait à l’encontre des orientations écologiques annoncées par son premier ministre deux mois plus tôt.
« La chaudière à gaz était notre seule option », a-t-il déclaré à l’époque, ajoutant que non seulement elle permettrait aux contribuables d’économiser de l’argent, mais que tout autre système aurait nui à la beauté du bâtiment historique.
Cette controverse, ainsi que le caractère irréalisable du plan initial visant à interdire les chaudières à gaz d’ici à 2026, ont conduit le gouvernement à mettre le projet en veilleuse.
Dans une interview accordée à HugoDécrypte en août, M. Macron a reconnu que le coût des pompes à chaleur était trop élevé et a suggéré que la France devait « créer sa propre industrie des pompes à chaleur », sans plus de précision.
Finalement, il a cédé.
« Nous n’interdirons pas les chaudières à gaz car nous ne pouvons pas laisser nos compatriotes, notamment ceux des zones rurales, sans solution de chauffage », a-t-il déclaré lors de son interview sur TF1 dimanche 24 septembre.
« [But] il faut aider les ménages à s’équiper de pompes à chaleur, plus intelligentes, qui permettent de réaliser des économies d’énergie et de réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre.
« Il faut tripler la production de pompes à chaleur en France ».
Depuis le mois de mars, le gouvernement offre 5 000 euros à tous les foyers, sans condition de ressources, pour remplacer leur chaudière à gaz, à charbon ou à fioul par une pompe à chaleur.
Toutefois, pour l’instant, les ménages peuvent toujours remplacer leur ancienne chaudière à gaz par une nouvelle.
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