Préférendum : un mot à la mode, pas un concept réel, selon un expert en droit français
Un nouveau mot politique à la mode a été utilisé récemment en France : le « référendum ». Nous examinons ce qu’il pourrait signifier et s’il pourrait se produire. Un professeur de droit a déclaré The Connexion il est très peu probable…
Que signifie ce mot ?
Le porte-parole officiel du gouvernement français, Olivier Véran, a utilisé ce mot lors d’une interview télévisée sur BFMTV. Il n’a cependant pas précisé ce qu’il signifiait.
Le mot est considéré comme un portmanteau des mots « référendum » et « préférer » ou « pluriel », et se réfère à un référendum avec plus d’une question ou des questions avec plusieurs réponses possibles. Cependant, ces deux concepts sont inconnus dans la politique française.
Pas de précédent juridique
Le professeur Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel à l’université Panthéon-Sorbonne, a déclaré à The Connexion que le mot est entièrement inventé, et que ses deux significations possibles sont actuellement illégales en droit français.
Il a déclaré : « C’est de la poussière de fée, de la poudre de perlimpinpin : « C’est de la poussière de fée, un ovni juridique, ça n’existe pas ».
Choix multiple ?
« Nous pouvons supposer qu’il s’agit de questions multiples posées lors d’un même référendum », a déclaré le Pr Rousseau. « Il n’y a qu’un seul cas de référendum avec plus d’une question dans l’histoire de France, et c’était en 1969 – mais il nécessitait une réponse unique pour les deux questions.
L’article 11 de la Constitution stipule qu’un référendum doit proposer un simple « oui » ou « non » sur un projet de loi.
Cela signifie que toute forme de « référendum » – avec plus d’une question – est impossible dans le cadre de la loi actuelle, puisqu’elle ne permet pas à un référendum d’exiger des réponses multiples. Il est également impossible pour un référendum de proposer aux électeurs des réponses à choix multiples.
L’enquête n’est pas juridiquement contraignante
De même, un « référendum » – comme dans « que préférez-vous ? » – s’apparenterait à un sondage et n’aurait donc aucune utilité juridique.
Dans ce cas, l’objectif peut également être de présenter un sondage comme un vote officiellement contraignant, en l’appelant d’un mot ressemblant à « référendum ». Cependant, les résultats d’un tel sondage ne pourraient pas être juridiquement contraignants.
Concours de popularité
Dans ce cas précis, M. Véran suggérait qu’un référendum à question unique est en fait plus un concours de popularité pour le président qui l’initie, qu’un véritable retour d’information du public sur une question donnée.
Il a déclaré qu’avec un « référendum », « les gens peuvent exprimer leurs sentiments sur un point, puis donner leur avis sur le reste ».
Le professeur Rousseau a confirmé à The Connexion que les précédents référendums en France ont souvent semblé refléter davantage la popularité d’un président que l’approbation d’une question donnée par la population.
Cependant, il pense qu’un référendum sur plusieurs lois en même temps pourrait « brouiller les pistes » pour le public et aider à surmonter l’aspect « concours de popularité » d’un référendum.
« Imaginez que le président demande aux citoyens, dans le cadre d’un seul référendum, s’ils veulent que le droit à l’avortement soit ajouté à la Constitution, puis s’ils veulent autoriser davantage d’immigrés à entrer dans le pays », a-t-il déclaré.
« La première réponse serait probablement ‘oui’, mais la seconde serait plus imprévisible que si la question était posée dans le vide. »
Le Pr Rousseau est certain qu’il n’existe aucune disposition dans la Constitution permettant d’instituer un « référendum ». Il faudrait d’abord amender la Constitution pour le permettre, dit-il.
On ne sait pas si et comment un « référendum » se matérialisera à l’avenir. Aucun représentant du gouvernement, à l’exception de M. Véran, n’a jamais utilisé ce terme.
« C’est tiré par les cheveux », a déclaré le Pr Rousseau. « Mais cela pourrait [theoretically] être utilisé pour tout ce qui concerne l’immigration, l’âge de la retraite ou les droits de la femme ».
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